vendredi 15 juillet 2011

La liberté entachée au dernier dimanche de Mai #FreeFeriani #Tunisie


Le dernier dimanche du mois de Mai, Tunis regardait son reflet dans son lac. Sa nouvelle robe bleue lui va si bien. C'était une bonne affaire, disent certains, elle l'a eu à bas coût pendant les soldes du nouvel an. Samir marchait sur les berges du lac, prit le temps de finir sa cigarette avant de monter dans sa voiture. L'idée de prendre des fleures vertes l'amusait, sa mère aime bien cette couleur. Il pose son bouquet sur le siège à côté, siège fréquemment appelé 'place du mort'.
Les feux étaient au rouge, la chaleur faisait perdre patience aux automobilistes. Certains n'hésitaient pas à en griller quelques uns. A Tunis, ville dont les moeurs sont insaisissables, les automobilistes commémorent l'immolation d'un jeune vendeur ambulants en grillant des feux rouges. Cela était devenu un témoignage de gratitude envers cet acte héroïque. Samir n'y prêta pas attention, il était moins pressé que les autres, il préférait attendre tranquillement. Au moment où le feu passa au vert, une voiture blanche vitre cassée lui coupe passage. Réactif comme il est, il la contourne tout en accélérant, il prend la route à toute allure. Il jette un coup d'oeil à son rétroviseur, la voiture le poursuivait, certains visages lui sont familiers, il n'en revient pas et puis il se rappelle : ses déclarations aux journalistes n'étaient sans doute pas du goût du ministère. Le voilà à présent fugitif d'un délit qu'il croyait n'existait plus. Il avait accusé des responsables du ministère à être derrière l'assassinat des manifestants. Il avait même signalé aux journalistes que des archives importants ont été détruit. Des archives qui  témoigneraient d'une implication des services secrets de ZABA dans de sales opérations en relation avec l'occupation de la Palestine. Il prend une ruelle, la voiture blanche réussit à le percuter et l'oblige à s'arrêter. Certains curieux se sont rués pour voir ce qui se passe. Quatre personnes descendent devant le regard témoin des gens. Il assiste sans résistance à son kidnapping.
Le lendemain à son réveil, on lui annonce une visite. Il quitte sa cellule, sa femme est venue le voir. Elle a été informé le lendemain de son kidnapping après une longue nuit de panique. Il lui raconte ce qui s'est passé, ses révélations aux journalistes, sa poursuite par la police politique jusqu'à sa première nuit dans la caserne de L'Aouina.
- "Pourtant le 14 janvier nous sommes devnus libres, notre parole ne risquera plus de nous conduire en prison!" lui dit sa femme.
- "Notre parole est libre pourvu qu'elle ne dérange pas les ZABAaïen!" lui explique Samir.
- Elle le réconforte: "Le peuple ne pardonnera pas, ta cause ne sera pas perdue".

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Voici un petit conte inspiré des témoignages de Madame Feriani,
Pour ceux qui ne le connaissent pas, Samir Feriani est un fonctionnaire du ministère de l'intérieur, un de ces rares fonctionnaires à qui la rédemption ou bien l'honnêté post-révolutionnaire en est un trait distinct.
Je ne le connais pas, je ne le juge pas mais son arrestation suspecte, kidnapping même, et les accusations portées contre lui s'inscrivent clairement dans la persécution d'une liberté payée au prix cher par les tunisiens.
Samir est encore en détention pour avoir parler, pour avoir dénoncer des dysfonctionnements au sein du ministère de l'intérieur. Désormais, il est le premier prisonnier d'opinion après la révolution.
Merci de vous joindre à cette cause, d'en parler et de faire couler de l'encre.

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